Avant de faire leur rentrée sur les bancs de l’université, tous les amis de Dave décident de partir aux quatre coins du monde pour voyager. Dave se retrouve seul… avec Liz, la copine de son meilleur ami. Incapable de résister au charme de la demoiselle qui sait parfaitement jouer de ses atouts, Dave décide de la suivre en Inde pour trois mois.
Arrivés en Inde, plus rien ne va. Les deux jeunes gens se disputent. Liz est en pleine révélation bouddhiste. Dave déteste l’Inde, ces pseudo-routards, la misère, la chaleur. Bref, Dave déteste tout et se demande ce qu’il fait en Inde… D’aventures en mésaventures, il compte les jours qui le séparent du retour. Il n’oublie jamais, cependant, son esprit critique, quelle que soit la situation.
Dans Vacances indiennes, William Sutcliffe s’en prend à ces voyageurs qui se prennent pour des routards, tout ça pour dire : “Je suis parti en voyage”. Mais sans s’imprégner de la culture du pays et sans le moindre esprit critique.
Selon Dave, les voyageurs sont tous des idiots qui ne peuvent pas vivre sans LA Bible (aka le Lonely Planet). Ils vont tous dans les mêmes hôtels. Mangent dans les mêmes restaurants. Et sortent tous les mêmes banalités à chaque conversation. Dave est aussi râleur que naïf. Ce qui le rend, finalement, attachant.
Liz est une petite peste qui croit tout savoir et se découvre dans ce voyage une vraie fascination pour le bouddhisme, le don de soi dans un centre de lépreux et la méditation (tantrique). Elle n’a d’yeux que pour un autre voyageur qui lui, a tout vu, tout connu, et que Dave, bien sûr, déteste.
Lors de sa rencontre avec un journaliste, ce dernier décrit un portait des jeunes occidentaux en Inde peu reluisant : “Ce ne sont plus des hippies en mission spirituelle qui débarquent en Inde, aujourd’hui, mais de jeunes connards venus randonner en terre de pauvreté. Je dirais que de nos jours aller en Inde n’est pas un geste de rebellion mais bien plutôt une entreprise conformiste ouverte à de petits ambitieux des classes moyennes, désireux d’inclure dans leur curriculum quelque chose qui démontre d’un peu d’esprit d’initiative. (…) Je suppose qu’on pourrait appeler ça une forme moderne de circoncision rituelle, une médaille de la souffrance à gagner pour être accueilli dans la tribu de la future élite britannique“.
William Sutcliffe se moque ouvertement des voyageurs en Inde. Mais, dans le fond, nous pourrions retranscrire ses paroles acerbes pour tous les voyageurs du monde en l’adaptant à chaque pays.
Les personnages sont caricaturaux. Mais au final, qui, lors d’un voyage, n’a pas rencontré de Dave râleur et cynique, de Liz exubérante qui se prend pour une hippie, de voyageur qui sait tout sur tout et pense avoir le monopole de ce que nous devrions faire ou pas. Qui, en voyage, ne s’est jamais dit “mais qu’est-ce que je fais là ?”. Qui, comme Dave, n’a pas souffert de la chaleur, de l’humidité, du manque d’hygiène, de la tourista ? Qui n’a pas eu envie d’un bon Burger au milieu de nulle part ? Qui n’a jamais eu de coup de blues en voyage ?
Vacances indiennes est un roman plein de clichés et de sarcasmes qui n’en reste pas moins hilarant, frais et pétillant. Le second degré de l’auteur pousse notre esprit critique sur le voyageur, le voyage et nous-mêmes (en tant que voyageur). Ces clichés en font la force de cette satire de notre société de consommation occidentale qui pousse les jeunes à partir pour se découvrir sans vraiment apprendre à comprendre les pays qu’ils visitent.
Vacances indiennes est à lire ou à offrir avant un long voyage (en Inde plus particulièrement) ou à lire tout court !
4 Comments
il me donne envie ton livre juste pour cela ” « Ce ne sont plus des hippies en mission spirituelle qui débarquent en Inde, aujourd’hui, mais de jeunes connards venus randonner en terre de pauvreté.”
Merci Lili !
J’aime beaucoup cette citation. Bien que je la trouve exagérée. Cela dit, j’ai envie de dire que cela dépend des voyageurs (et de leur citoyenneté… sans vouloir caricaturer les personnes que j’ai rencontré).
Moi aussi je l’ai lu, j’ai adoré et bien rigolé ! Je le recommande !
C’est clair qu’il y a pas mal de répliques bien piquantes 😉